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Verrier chez Baccarat

Je m'appelle Christophe Couqueberg. Je suis verrier à la main à la cristallerie Baccarat depuis 25 ans. Je suis né dans la ville de Baccarat. Mon père lui-même était verrier et un jour maman lui a amené son casse-croute qu'il avait oublié. J'ai découvert le métier de verrier. Quand j'ai vu mon père travailler une boule de cristal et ce que ça donnait à l'arrivée, j'ai trouvé ça magique. Ça m'a donné envie de rentrer dans ce métier-là. C'est ce qui m'a fait ma vocation. Le cristal c'est tout un ensemble de composants, dont de l'oxyde de plomb qui sont mis en fusion à 1450 degrés puis redescendus à environ 1200 / 1250 degrés pour obtenir une pâte très homogène. On a différents types de cristal; on a le cristal clair donc transparent et le cristal de couleur -- le cobalt, l'Améthyste, le saphir, la mousse. Et en changeant la température de la fusion on arrive à obtenir 45 teintes différentes. On travaille le cristal de couleur dans un four constitué de plusieurs pots. Ce four à pots est l'un des plus vieux d'Europe. On ne l'éteint jamais. La dernière fois qu'il a été éteint, c'est à la seconde guerre mondiale quand il faut plus d'un mois pour revenir à la température demandée qui est de 1450 degrés. La première étape du verrier est de faire le cueillage qui consiste à prendre une canne et aller chercher le cristal qui est à l'intérieur du pot. On approche en plongeant la canne, on tourne tout doucement, de manière régulière et on tire vers nous, pour avoir un verre bien rond à l'arrivée. On est obligés de travailler assez rapidement car le verre refroidi très vite et il risquerait de casser. Ensuite nous passons à l'étape du soufflage. Je réchauffe ma boule ronde pour qu'elle soit souple, puis, je la mets dans le moule. Je souffle et je tourne en même temps pour avoir un verre bien clair, sans défauts à l'intérieur du verre. Dès l'instant que je sors du moule je contrôle mon verre et dans les deux secondes qui suivent j'arrive à dire si mon verre est bon ou pas. L'étape suivante consiste à poser une jambe. Il me faut garder le verre chaud. Puis avoir un servant: c'est une personne qui m'emmène un morceau de cristal. De là, je pose le morceau de cristal sur mon verre, je coupe puis je prends le nécessaire pour faire la jambe. Ensuite je passe à l'étape du pied. Là, je suis en train de fabriquer un verre mais on fabrique aussi des lustres, des carafes... et pour faire une carafe c'est pareil que le verre : il faut avoir la maîtrise du verre à porter pour pouvoir fabriquer la hanse. C'est très joli de voir la pose d'une hanse car vous avez l'impression qu'on gère un serpent. Une fois que j'ai fini de réaliser mon pied, le verre totalement fini, je le détache et je vais le mettre dans un four à chaleur décroissante pour garder la température ambiante. Et ensuite le travail à chaud est terminé et nous passons au travail à froid. La première étage à froid consiste à trier le verre ... c'est à dire que c'est une personne qui s'appelle une choisisseuse qui contrôle le verre entièrement et s'il n'est pas bon, il passe à la casse. Une fois le verre validé par la choisisseuse, il passe au décalottage, c'est-à-dire qu'on enlève la partie haute de la paraison pour réaliser un verre complet. Il faut environ une quinzaine d'années pour faire un verrier, pour faire un bon verrier. J'ai voulu obtenir le titre de meilleur ouvrier de France ainsi que mon père l'avait obtenu précédemment. Moi, j'ai réussi à l'avoir très récemment et ça m'a fait un immense bonheur d'arriver au même niveau que mon père surtout que pour Baccarat, le titre de meilleur ouvrier de France a été obtenu de père en fils que par nous deux. Ça fait 25 ans que je suis verrier et pour moi la passion est toujours là. J'ai toujours des choses à découvrir et je trouve toujours ça féerique de travailler le verre.